samedi 27 septembre 2014
mercredi 10 juillet 2013
2013 06 10 MICHEL SALOFF COSTE Quelle énergie à long terme pour le futur de la planète terre ?
Quelle énergie à long terme pour le
futur de la planète terre ?
Michel Saloff Coste le 10 Juin 2013
Note de synthèse conclusive des ateliers de prospective
de l'énergie
IDEES FONDATION TUCK IFPEN
We must live together as brothers or
perish together as fools.
Martin Luther King Jr
J'ai été très heureux à l'invitation d'IDEES et
d'Alexandre Rojey[1] d'animer
cette réflexion sur le futur de l'énergie. Je les remercie ainsi que tous les
participants à ces ateliers qui se sont révélés passionnants. Comme vous le
savez je n'étais pas un spécialiste du secteur de l'énergie en commençant ce
travail et c'est avec des yeux de béotiens et un regard naïf que j'ai découvert
les enjeux considérables liés au futur de l'énergie planétaire. Heureusement
les recherches que j'ai menées sur le futur de la mobilité ou l'évolution des
risques géostratégique m'avaient préparé à aborder ces questions.
Rapport
d'étonnement
Je commencerais mon court exposé par un rapport
d'étonnement.
J'ai rarement été confronté à un sujet aussi central et
transversal mais aussi apparemment complexe et difficile à démêler :
- Central et
transversal car l'énergie irrigue toute la société comme le sang le corps
humain.
- Apparemment complexe et difficile à démêler car les
considérations sont multiples, les enjeux considérables, les lobbys puissants,
les passions enflammées et les contres vérités nombreuses, chacun ayant
tendance à défendre sa filière d'expertise, tel ou tel type d'énergie, ses
convictions et ses intérêt vitaux.[2]
Il est donc important de préciser que les idées que
j'exprime ici n'engagent que moi et sont totalement indépendantes de toute
forme de position institutionnelle.
Il m'a fallu plusieurs années de familiarisation avec
le sujet pour que les choses m'apparaissent de plus en plus clairement et je
suis heureux de partager avec vous ce que j'ai appris, quelques modestes
conclusions en forme de questions et des points de départs pour de nouvelles
investigations. Comment souvent les choses prennent sens en changeant d'échelle
et en ayant un certain recul. Mon angle d'analyse sera donc global sociétal, anthropologique
et philosophique. L'histoire montre qu'à chaque grand virage de l'humanité il
est certes essentiel d'innover d'un point de vue scientifique et technique mais
les plus importants facteurs de progrès sont les transformations de structures,
de systèmes, de management et de culture.[3] Le futur
de l'énergie est un débat passionnant et passionné car tout dépend au final de
nos priorités et de nos valeurs !
Quelle
énergie à long terme pour le futur de la planète terre ?
Il y a environ un
million d'années nous apparaissons en tant qu'espèce dans la famille des grands
mammifères. Nous nous distinguons par le volume de notre cerveau, par notre
capacité à sortir de notre niche écologique et à explorer la planète, à nous
adapter à tous les climats, à chasser en bande, à inventer des pièges, des
outils et des signes. Par notre habileté à la chasse et à la cueillette il
semble que, dès cette époque, nous avons un impact significatif et mesurable
sur notre environnement végétal et animal. Nous ne sommes pourtant que quelques
millions dispersés sur toute la surface de la Terre.
Il y a environ 10
000 ans commence la période dite historique avec le développement de
l'écriture, de l'agriculture et de l'élevage. Les empires égyptien, indien,
mongol, chinois, grec, romain, chrétien et arabe structurent de vastes
territoires et les premières villes apparaissent. En quelques milliers d'années
nous déboisons plus de la moitié des terres cultivables de la planète.
En 1850 nous
sommes devenus un milliard. L'industrie se développe considérablement grâce au
crédit bancaire et à l'exploitation des énergies fossiles. Les émissions de CO2
et l'exploitation massive des ressources minérales commencent. En quelques
décennies nous détruisons un tiers de la biodiversité et la moitié de certaines
de nos ressources minérales. Nous transformons de manière mesurable notre
atmosphère et la température de la planète.
Aujourd'hui nous
sommes sept milliards, la pollution tue des milliers de personnes chaque année[4].
Du fait de la surexploitation des terres et des mers, nous assistons à un
effondrement rapide de la biodiversité et à la mise en danger de nos capacités
de production alimentaire agricole et océanique. Le climat tout en devenant de
plus en plus chaotique se réchauffe beaucoup plus rapidement que prévu. Alors
que nous pensions pouvoir stabiliser le réchauffement à 2 degrés d'ici la fin
du siècle, il est maintenant prévisible que nous dépassions 3 à 4 degrés d'ici
2050 et possiblement 6 à 8 degrés d'ici la fin du siècle. Cela signifie une
transformation très profonde de notre biosphère, une montée significative du
niveau marin, une destruction massive de notre biodiversité et une précarité
croissante pour des milliards d'êtres humains à travers des crises économiques,
sociales et écologiques d'ampleur mondiale aboutissant à des génocides et la
possible disparition de l'humanité ! Des
personnalités comme le Vice Président des Etats Unis Algore mais aussi Nicolas
Stern ou Jérémy Rifkin ont largement popularisé ces enjeux qui avaient été déjà
anticipé dans les études prospectives dès les années 70.
Notre civilisation toute entière actuelle est basée sur le
pétrole
Le développement de notre civilisation s'est construit
sur une consommation exponentielle d'énergie et ¾ de la population mondiale,
encore défavorisée, aspire à multiplier sa consommation. Les multiples discussions
très complexes sur le mixe énergétique du futur a tendance à cacher une vérité
simple : notre profonde dépendance du pétrole.[5]
Notre civilisation toute entière est basée sur le pétrole et nous ne pourrons
évoluer que si nous sommes capables de célébrer et reconnaitre tout ce que nous
a apporté le pétrole. Le pétrole,
"l’or noir", se trouve au centre des grands enjeux capitalistiques,
géopolitiques et planétaires. La
mondialisation et la croissance économique est aujourd'hui massivement
dépendante du pétrole : 90 % de notre mobilité, la majorité de notre industrie
et de notre agriculture. De fait notre PIB mondial est pour l'instant
strictement corrélé avec la disponibilité de pétrole.[6]
Cette dépendance critique semble inévitable et
difficilement réversible à court terme et même à moyen terme du fait de
l'inertie des habitudes, des intérêts économique établis mais aussi du
caractère gigantesque des infrastructures à transformer.
Pourtant cette
dépendance au pétrole et plus généralement aux énergies fossiles présente
plusieurs risques majeurs avérés :
o
Géostratégique
comme le montre les conflits armés les plus récents.
o
Economique, la
hausse considérable du prix du pétrole crée des déséquilibres massifs dans les
échanges.
o
Social car des
logiques de rentes polarisent les inégalités sociales et l'appauvrissement des
classes moyennes.
o Ecologique car la vaporisation du carbone dans
l'atmosphère crée un effet de serre susceptible de perturber les cycles
climatiques en rendant de plus en plus difficile l'agriculture et en produisant
à terme un réchauffement de la biosphère incompatible avec le développement de
la vie.
L'ensemble de notre système économique mondial basé sur
l'émission de monnaies, de crédits et de dettes implique en une forte
croissance pour permettre un retour sur investissement. La pénurie de source
d'énergie distribuée, propre et abordable est susceptible de précipiter
l'implosion du système économique mondial et par effet domino l'effondrement du
château de cartes de la pyramide de la dette. La polarisation des inégalités
peut facilement dégénérer en guerres civiles et la bataille pour l'accession
aux dernières ressources en conflit mondial. L'actualité effectivement nous
montre que nous sommes apparemment obligés de nous rabattre déjà sur des
sources d'énergie encore plus polluantes et controversées que sont les schistes
bitumineux, le gaz de schiste ou le charbon.
La transition
énergétique
A l'échelle de la planète, le remplacement rapide du
pétrole et des énergies fossiles par d'autres sources d'énergie est à inventer.
Elle implique une vision partagée, des choix stratégique, économique,
technologique, social et écologique majeurs. La transition énergétique implique
des investissements de plusieurs milliers de milliards d'Euros à un moment ou
les états et les économies les plus matures fond face à des déficits accumulés
et au ralentissement de leur croissance. Dans un premier temps, ironiquement
même le développement considérable de nouvelles infrastructures susceptibles de
produire des énergies renouvelables devra se faire à partir du pétrole !
Il s’avère paradoxal
que notre réussite face à toutes les autres espèces animales soit venue de
notre capacité à créer des pièges de plus en plus sophistiqués et que nous
soyons peut-être appelés à disparaître dans une sorte de gigantesque piège créé
par nous-mêmes à l'échelle de la planète.
Comme dans un
piège nous sommes attirés par une ressource, "le pétrole", mais comme
dans un piège aussi lorsque nous prenons conscience du danger il est impossible
de faire marche arrière !
Malheureusement si
le flux de la production de pétrole en plafonnant est incapable d'alimenter
notre croissance, en revanche le CO2 diffusé par ce flux (pourtant
restreint) est suffisant, en s'accumulant durablement dans l'atmosphère, pour
générer désormais un effet de serre et un réchauffement climatique susceptibles
à terme de déréguler l'ensemble de notre écosystème, nous anéantir et détruire
la plus grande partie des animaux et des végétaux[7].
L'espèce humaine
est jeune sur l'échelle de vie d'une espèce. Il serait triste que nous
disparaissions prématurément en détruisant complètement notre magnifique
écosystème du fait, paradoxalement, de notre trop grande et fulgurante réussite
parmi toutes les espèces vivantes sur la Terre.
La survie de
l'humanité
Dans une grande mesure la survie de l'humanité, son
basculement dans l'enfer ou dans le paradis, va dépendre de sa capacité à
réinventer son modèle énergétique.
Nous avons sans doute toutes les ressources pour
résoudre notre équation énergétique et faire de la terre un jardin écologique
paradisiaque, socialement responsable et économiquement viable.
Cela implique une évolution profonde de notre
philosophie, de nos cultures, de nos systèmes de représentations et de nos
valeurs. Dans cette perspective il est important de sortir des sentiers battus,
de faire se rencontrer les cultures, les expertises et les disciplines, de
réfléchir de manières décloisonnées et de faire dialoguer sciences, arts et
philosophies.
Quatre
méta-scénarios.
Plus que dans tout autre domaine il nous semble
difficile d'anticiper le futur de l'énergie car nous sommes au cœur "incandescent"
et mouvant des passions et des intérêts de l'humanité. Pourtant en débattant de
ces sujets au fil du temps on voit apparaître quatre grands scénarios selon une
mathématique très simple et exhaustive :
·
Un scénario violet
: faire moins avec moins. Décroissance, fragmentation, relocalisation et
frugalité.
·
Un scénario rouge
: faire moins avec plus. Montée de la violence pour l'accession aux ressources,
clash des civilisations et gaspillage du fait des antagonismes.
·
Le scénario orange
: faire plus avec plus. Le meilleur des mondes, des percées scientifiques et
techniques permettent le retour de la croissance sans remise en cause sociétal.
La polarisation des inégalités s'amplifie au profit des détenteurs des technologies
clefs.
·
Le scénario jaune
: faire plus avec moins. Un monde meilleur, la science et la technique au
service d'un renouveau sociétal et la prise en compte systémique de l'ensemble
des parties prenantes et de la biosphère.
Si l'on compare différents lieux de la planète on peut
constater que les quatre scenarios peuvent très bien se combiner et arriver
ensemble simultanément, jusqu'à un certain point !
Les trois premiers scenarios sont les plus probables mais
ils ne sont pas souhaitables : il est facile de montrer qu'ils seraient à
l'origine d'une mortalité considérable et sans doute de la disparition de
l'espèce humaine du fait du réchauffement climatique en cours.
Le dernier scenario est le plus improbable car il
implique l'émergence d'une véritable gouvernance mondiale et une évolution très
profonde des mentalités de l'espèce humaine. Il n'est pas cependant impossible
car l'humanité a su par le passé réaliser de profondes métamorphoses sociétales
et nous savons aussi, aujourd'hui, qu'une espèce mise en situation de stress et
de danger maximum peut parfois révéler des potentiels génétiques inattendus.
Comme le souligne Anne Marie Slaughter[8] cela
implique une remise an cause de la "raison d'état" et d'une vision
Westphalienne du monde hérité du 18ème siècle. C'est un chantier d'envergure
mondiale qui implique l'élaboration de consensus à l'échelle planétaire, une
bonne gouvernance internationale, des investissements de tailles
intercontinentales et une capacité de création, d'innovation et de collaboration
de l'humanité toute entière.
Pourrons-nous trouver une évolution future viable pour tous ?
Une croissance
verte est-elle possible ou sommes nous condamnés à la décroissance ou à
l'extermination ?
Rien n'est moins
sûr. Les sommets de Chefs d'Etats autour des enjeux climatiques depuis plus de
vingt ans n'avancent pas et même reculent. Chacun vient officiellement
réaffirmer son droit à polluer et à émettre toujours plus de CO2 au
nom de la croissance du PIB. Ces sommets qui devaient à l'origine apporter des
solutions planétaires et réassurer notre bien commun le plus précieux, notre
avenir collectif à long terme, ne font au contraire que mettre en scène des
intérêts à court terme de chaque nation et la programmation assumée de la
destruction à moyen terme de la biosphère planétaire et de l'humanité. Comment
en serait-il autrement puisque les diplomates autour de la table sont mandatés
par leur pays pour défendre leur intérêt local et à court terme et que personne
n'est là pour représenter le long terme, la biosphère et l'humanité ? L'Europe
? Mais son influence est très limitée !
L'humanité se
révèle aujourd'hui sans défense et sans gouvernance, face à des enjeux qui
l'interpellent dans sa capacité d'unité et de devenir collectif.
Les peuples, dans
le monde entier, y compris dans nos démocraties dites avancées, sont séduits de
plus en plus par des discours populistes simplistes de repli identitaire,
intégriste et totalitaire alors que les enjeux planétaires réclament ouverture,
dialogue, remise en question et transformation de nos modèles d'évolution.
L'accès aux ressources essentielles, la terre, l'eau, l'air, devient de plus en
plus problématique. Elles sont sources de conflits, de plus en plus difficiles
à gérer partout dans le monde et le pétrole, lui, reste l'ultime joker
incontournable de la puissance et du déploiement armé.
L'effondrement de
la croissance remet en cause nos économies basées sur le crédit, rend nos états
insolvables, déstructure le contrat social de nos sociétés, mais rend aussi
difficile le financement, pourtant stratégique, d'une transition vers un
nouveau modèle économique social et écologique. Les politiques de transition
vers un nouveau modèle butent sur l'incapacité des politiques politiciennes
partisanes de sortir du court terme, de l'agitation et de la polarisation.
Nous risquons des
guerres entre les grands continents afin d'accéder aux ressources alimentaires,
minières et énergétiques. Mais nous risquons aussi l'apparition de guerres
civiles au sein des continents eux-mêmes, liées au désarroi, à la polarisation
de la société civile entre des positions traditionalistes et révolutionnaires
et à l'extrémisme des positions politiques, comme on le voit aux Etats-Unis
entre les mouvements Occupy and Tea Party et au Moyen Orient entre les
intégristes traditionalistes et les révolutionnaires modernistes.
Dans le monde
entier se superposent de manière complexe et imbriquée des luttes plus ou moins
évidentes :
·
luttes entre états pour élargir leurs zone d'influences,
accéder aux ressources non renouvelables et si possible sanctuariser le
territoire national par un parapluie atomique ;
·
luttes entre cultures et religions pour élargir leur audience
et assurer une domination régionale ;
·
luttes économiques et monétaires afin de maîtriser les chaînes
de créations de valeur et de capitalisation ;
·
luttes pour contrôler l'information et être précurseur en
termes d'innovation.
L'humanité est en
guerre contre elle-même depuis les premiers combats entre tribus il y a
plusieurs millions d'années. Mais ces guerres incessantes sont aujourd'hui
incompatibles avec la bonne gestion et la survie de notre espèce sur cette
planète ![9]
L’espoir au bout des
ondes
A l'aube du troisième millénaire, chacun de nous
peut ressentir à des degrés divers l'ère des bouleversements dans laquelle la
planète toute entière est plongée. Mais c’est aussi une période charnière
où tout est possible pour l’émergence d’une humanité nouvelle qui s’élève en
conscience. Après le siècle des
Lumières, le siècle de l’industrie et du commerce, nous assistons au
développement croissant de la création, de l'innovation et des moyens de
communication. Dans le monde entier nos pensées s'échangent d’une manière
invisible, virtuelle, mais arrivent à opérer des changements réels et concrets.
Avec les nouvelles technologies de l’information, l’humanité est connectée en
permanence. Le web, le cloud computing, l’intégration des systèmes et des
réseaux forment comme des neurones qui répondent aux stimulations constantes
des être humains en formant un nouveau système nerveux planétaire.
Dessine-moi une humanité
Même si nul ne peut ignorer le défi du futur,
l'absence de visions prospectives interdit aux individus comme aux groupes, aux
institutions publiques comme aux entreprises, de bâtir projets et stratégies. De nombreuses initiatives locales
émergent. Cependant, en l'absence de scénarios prospectifs dans lesquels
s'inscrire, elles peinent à gagner en visibilité et à se démultiplier.
Un repérage et une mise en circulation des
informations mettant en évidence la réalité d'une mutation planétaire, en
identifiant clairement ses caractéristiques, peut nous aider à en prendre la
juste mesure et à nous y préparer.
Lever ce voile d'ignorance et d'incertitude
constitue une œuvre d'intérêt public. Il est impératif de rendre à l'individu
et à la société la capacité de se projeter dans l'avenir, de rêver le futur
pour pouvoir le faire naître.
Les enjeux du futur sont complexes et leur
appréhension nécessite une grande ouverture d'esprit, impliquant un dépassement
des spécialités et des partis-pris.
Seul un affranchissement des structures confinées
de la pensée conventionnelle peut nous permettre d'aborder avec un esprit
créatif les enjeux de demain.
L'exercice du futur requiert une pensée transversale,
globale, qui fait appel à tous les champs de la connaissance et de l'expérience
humaine, pour les mettre en situation de se confronter, d'échanger, de se
féconder réciproquement.
Les transformations nécessaires de nos sociétés
impliquent une évolution substantielle de notre maîtrise de l'intelligence
collective. Nous devons travailler au développement de l'intelligence
collaborative, faire émerger, utiliser, promouvoir et encourager les pratiques
qui permettent aux disciplines académiques, aux secteurs professionnels, aux
cultures et aux peuples de se rencontrer.
Ces défis nous imposent d’innover et constituent
une opportunité sans précédent pour conjuguer nos forces, collaborer et
engager ensemble des évolutions intelligentes.
Embarquement vers le futur
Nous avons lors du siècle précédent appris à
comprendre notre passé et à anticiper notre futur. Les problématiques
auxquelles nous sommes confrontées aujourd'hui ont été anticipées dès les
années 70 avec déjà une certaine précision : la population croissante, le
plafonnement des ressources, le réchauffement climatique, parmi d’autres.
Nous avons pu vérifier notre capacité à anticiper
le futur et nous avons pu améliorer et développer des méthodes de plus en plus
robustes et précises. Il est possible de prévoir avec de plus en plus de
précision le futur grâce aux masses considérables d'informations que fournit
aujourd'hui Internet. Mais la prospective ne consiste pas simplement à
anticiper le futur et les scénarios les plus probables, la prospective consiste
aussi à imaginer des futurs possibles. Les scénarios les plus probables ne sont
pas toujours les plus souhaitables, et l'apport le plus précieux de la
prospective est de nous donner un temps d'avance pour orienter stratégiquement
l'action dans un sens désirable.
Dans le contexte planétaire d'aujourd'hui le
scénario le plus probable, si on laisse se dérouler les événements dans la
logique actuelle, présente de grands risques pour l'humanité.
Comme le jardinier peut pratiquer une taille de
restructuration sur un arbre, l’homme doit se raisonner et élaguer des
habitudes devenues inadaptées pour permettre à l’humanité de survivre et
s‘épanouir dans toute sa splendeur.
Quel mode d’emploi ?
Que faut-il faire pour éviter le scenario
catastrophe, de plus en plus documenté mais aussi malheureusement, de plus en
plus probable du fait de notre inertie ?
La première condition est de ne pas se laisser
enfermer dans l'irrémédiable. Il est important de bien mesurer et comprendre le
danger mais aussi les possibilités d'évolution et de création que suscite une
crise de cette ampleur. L'humanité bénéficie d'un niveau d'éducation et des
moyens de communication sans précédent pour créer et innover collectivement. Il
est vital que les personnalités les plus créatives dans tous les domaines, se
rencontrent, échangent et élaborent des solutions et des scenarios alternatifs
convaincants et solides. Sur ces sujets une réflexion bouillonnante s'est
développée dans le monde depuis une trentaine d'années. D'abord très marginale,
elle a touché les milieux intellectuels de la recherche et les think tanks
de prospectives, puis elle a commencé à se répandre dans certaines universités
de pointe. Les livres sur le sujet se sont multipliés. Depuis une quinzaine
d'années ces réflexions donnent lieu à des congrès et débats internationaux de
formats et de sensibilités divers. On a vu apparaître au-delà des débats
théoriques des tentatives de mise en pratique avec bien entendu des succès très
variables. Plus récemment le cinéma et même la télévision se sont emparés du
sujet. A mesure que les informations s'échangent on voit apparaître un
consensus et une compréhension de plus en plus détaillés du diagnostic et de la
nature de la crise. Les différents risques sont de mieux en mieux documentés. On
commence à voir apparaître des tentatives pour hiérarchiser les risques, si
bien que des débats sur les différents types de solutions deviennent possibles.
A mesure que la crise s'amplifie des réflexions de plus en plus hétérodoxes,
ambitieuses et créatives se développent. Comme dans les grandes évolutions et
transformations humaines du passé, la transition que nous vivons s'élabore
d'abord à travers la critique épistémologique des cadres de référence du passé.
Face à des équations apparemment impossibles à résoudre et à des catastrophes
apparemment irrémédiables, les solutions ne peuvent être trouvées qu’en
changeant d’échiquier et en questionnant nos a priori. De nouvelles
approches philosophiques, artistiques et scientifiques sont en train d'émerger
et de se préciser.
Trois grands
bouleversements ?
Au-delà des différentes approches théoriques et des
pratiques encourageantes qu'elles suscitent à différents niveaux d'échelle,
trois grandes difficultés me semblent subsister et devenir très préoccupantes.
- Un nouveau rapport au temps : pour la
première fois l'humanité doit se préoccuper de son futur à long terme,
anticiper des risques majeurs, inventer des solutions en urgence et, avant
qu'il ne soit trop tard, les mettre en œuvre à l'échelle planétaire. L'humanité
n'a jamais eu à faire cela avant. Sera-t-elle capable d'apprendre dans les
délais ?
- Un nouveau rapport à la planète : jusqu’à
maintenant la planète constituait une ressource, et chaque nation se trouvait
en concurrence avec toutes les autres pour étendre son exploitation. Les enjeux
planétaires impliquent que les anciens ennemis apprennent à vivre comme dans
une famille en se soutenant mutuellement et en protégeant leur bien commun,
leur maison : la planète et sa biosphère. L'humanité sera-t-elle capable de
faire la paix ?
- Le caractère planétaire de la crise appelle à une
gouvernance planétaire. La pollution ne connaît pas les frontières ! Mais
cette gouvernance ne pourra être légitime que si elle renouvelle la dynamique
démocratique et la délibération populaire. Or nous assistons, au contraire, du
fait même des inégalités croissantes, à l'hégémonie toute puissante de
nouvelles formes de ploutocraties, très minoritaire, qui monopolisent les
leviers du pouvoir sans avoir de légitimité démocratique.
Comment gérer la famille
humaine et ses limites ?
Pour se rendre compte des choix auxquels l'humanité
est confrontée, il se révèle intéressant de se projeter sur des temps longs qui
nous permettent comme des loupes de rendre évidents un certain nombre d'enjeux.
La population planétaire forme un exemple facile à
comprendre et très structurant.
Combien d'êtres humains souhaitons-nous compter sur
la planète Terre à un horizon de 100 ans, de 1000 ans, ou de 100 000 ans ?
Cette question est importante, car si nous devons
gérer la Terre comme la maison de la famille humaine et apprendre à nous aimer
plutôt qu’à nous déchirer, il est souhaitable d'être réaliste sur la taille de
la famille que nous pouvons entretenir dans de bonnes conditions pour chacun. Il
est facile aussi de comprendre que notre qualité de vie dépend du nombre de
personnes que nous souhaitons et du niveau de vie général de la famille. Si
nous généralisons par exemple le modèle américain, il nous faudra une dizaine
de planètes pour supporter les 9 milliards que nous serons aux environ de 2050.
Avec le modèle européen il faudrait environ cinq planètes.
Si nous voulons une société relativement homogène et
que les Américains considèrent que leur mode de vie n'est pas négociable cela
veut dire que nous devons réduire à terme la population planétaire à moins d’un
milliard !
Historiquement il est important de prendre en
considération que ce que nous appelons la société de consommation n'a touché
principalement qu’un milliard de personnes sur les sept milliards que nous
sommes à présent, tandis que l'impact sur la planète est déjà insoutenable. La
généralisation de notre mode de vie à l'ensemble de l'humanité est irréaliste
mais nous faisons croire cependant à l'humanité toute entière que nous sommes
un modèle viable ! Notre système bancaire fondé sur le crédit se nourrit
de la croissance. La croissance implique une constante augmentation de la
population ayant accès à la société de consommation. Actuellement le système
économique mondial serait en faillite sans la croissance des pays émergents.
Cependant l'intégration des 500 millions de nouveaux consommateurs pose de
nombreux problèmes en terme de ressources renouvelables et de respect de la
biodiversité. Qu'en sera-t-il dans un siècle et a fortiori dans mille
ans ? N'oublions pas que ces nouveaux consommateurs ne représentent qu’un
dixième du restant de l'humanité !
Comment vont réagir au cours de ce siècle les 5
milliards d'êtres humains qui, loin de bénéficier du progrès, subissent sans
contrepartie et de plein fouet les effets pervers de notre développement : le
réchauffement climatique, la désertification de leurs terres et la famine.[10]
Que faire ?
J'aimerais conclure sur quelques pistes qui me
semblent incontournables si nous voulons sauver l'humanité et la biosphère avec
les espèces animales et végétales qui nous sont familières et que nous avons
appris à aimer.
Conscience planétaire
Il est important d'ouvrir le dialogue et la
collaboration entre les pays, les religions, les cultures mais aussi les
expertises, les secteurs, les filières. Ce dialogue est important pour que des
consensus partagés et démocratiques puissent émerger[11].
C'est aussi le moyen de la prise de conscience planétaire d'une nouvelle
identité humaine élargie.
Changement de paradigme
et philosophie intégrale
Comme à chaque grande transformation et étape du
développement humain, l'émergence d'une véritable "conscience
planétaire" implique une déconstruction et une analyse critique de nos
systèmes de croyances passés et de leurs limites. La découverte de l'unité
humaine, dans le respect des différences culturelles et de l'altérité de
chacun, implique l'élaboration d'un nouveau paradigme culturel capable
d'intégrer la richesse multidimensionnelle de l'histoire humaine et la diversité
des formes de sagesse. Il s'agit d'élaborer une philosophie nouvelle et des
valeurs adaptées aux enjeux d'aujourd'hui. Il s'agit d'apprendre à
"prendre soin " de nous-mêmes, des autres, des animaux et des
plantes.
Ré-enchanter le futur : co-évolution
et structures participatives
Il n'y pas de vent porteur pour le navigateur qui
ignore où il va ! Si l'humanité veut survivre, il lui faut s'extirper de la
torpeur et du laisser-aller. Il faut inventer des chemins alternatifs au
scénario catastrophe standard[12] et
créer, imaginer des scénarios positifs, crédibles et robustes pour l'avenir de
l'humanité.
La richesse que représente sept et bientôt neuf
milliards d'être humain est considérable. Nous devons réfléchir à la manière
dont nous pouvons globalement et localement libérer l'énergie de création et
d'initiative de chacun et lui permettre non seulement de vivre dignement mais
aussi de réaliser le potentiel de talents qui est en lui pour le plus grand
bénéfice de tous.[13] Une
grande pauvreté a été créée par la standardisation et l'instrumentalisation de
l'éducation au profit d'une normalisation des ressources humaines : nous sommes
nous-mêmes victimes de ce que nous avons fait subir aux animaux et aux végétaux
! Nous devons redécouvrir la puissance et la richesse de notre propre
biodiversité pour pouvoir respecter et développer la biodiversité de notre
écosystème.
Dans le cadre d'une économie systémique fluide
respectueuse de l'humanité et de la biosphère il est important d'empêcher ces
formes d'embolie et de catharsis mortifères que sont les différentes formes de concentration
: concentration de ressources, de pouvoir, d'argent, de connaissance qui
aboutissent finalement à des logiques de domination et de monopole qui aliènent
les capacités d'expression de tous et de chacun aux différents niveaux
d'échelle.
Le cahier des charges de l'énergie du futur doit
être déduit de ces priorités et se résume en cinq D : décarbonné, démocratique,
distribué, décentralisé et durable. Les réseaux informatiques nous permettent aujourd'hui
de concevoir des systèmes économique, social et écologique qui déploient
subsidiarité, recyclage et complémentarité plutôt qu'autoritarisme, gaspillage
et élitisme. Il est utile d'augmenter la résilience et l'autonomie à différents
niveaux d'échelle en relocalisant le plus possible la production énergétique,
alimentaire et industrielle au plus près du consommateur final. Dans ce
contexte il est souhaitable d'imaginer une diversité biologique de modèles
économiques et de monnaies d'échange local permettant une responsabilisation
sociale et une meilleure fluidité et distribution de la richesse[14].
Notre avenir dépend de notre capacité à recycler ce
que nous produisons, décarbonner notre modèle énergétique et inventer une
manière de capter le CO2 existant avant qu'il ne soit top tard. L'agriculture
en se transformant et en devenant plus organique peut être un facteur de clef
de fixation massif du carbone et de développement de la biodiversité. Les
produits industriels peuvent être désormais conçus dès la création recyclable
et biodégradable. Nous savons construire
des logements intelligents capables de produire de l'énergie plutôt que d'en
consommer et ainsi d'alimenter localement en électricité la mobilité des usagers.
Il ne peut pas avoir durablement de démocratie
locale si nous n'apprenons pas à construire une démocratie à l'échelle de la
planète.[15] La
relocalisation et la subsidiarité doivent être complétées par l'élaboration
d'une forme de gouvernance internationale démocratique en charge des biens
communs et des enjeux planétaires à long terme.[16] De
cette manière une partie croissante des budgets de défense au service de la
mort et d'intérêts partisans locaux pourront être convertis au service de la
vie et du bien commun global.
Nous allons continuer notre réflexion en 2013, le 3
Octobre dans le contexte de l'Université Intégrale de Paris, le 23 et 25
Novembre au World Forum de Lille et en Novembre et Décembre au USA. En 2014
nous avons rendez vous le 3 Février pour notre rencontre annuelle en France
dans le cadre de Design Me A Planet à l'Institut des Métiers et de la Formation
de Cofely Gdf Suez.
BIOGRAPHIE DE MICHEL SALOFF COSTE
« Mon
objectif est de sensibiliser un large public aux grandes transformations
technologiques, économiques, sociales et écologiques contemporaines afin que
chacun puisse participer positivement au développement durable et à la
civilisation du futur. Quelles sont les grandes tendances qui structurent
l'évolution planétaire ? Quels sont les changements nécessaires dans les
organisations en termes de culture, management, système et structure ? Pourquoi
et comment une organisation peut-elle repenser son évolution stratégique de
manière originale ? Comment concilier dans le développement : l'économie, le
social et l'écologie »
Consultant, enseignant et chercheur, Michel
Saloff-Coste nous fait découvrir les enjeux technologiques, économiques,
sociaux et écologiques liés au passage de la "Société Industrielle" à
la "Société de l’Information". Il s'est attaché à mieux comprendre
les grands vecteurs de transformation qui métamorphosent notre civilisation
dans le cadre d'un développement soutenable. Comment les individus, les
entreprises, les états et la planète peuvent-ils s'articuler ensemble dans un
avenir viable et harmonieux ? Dans ce contexte il facilite la démarche
prospective et stratégique de grandes organisations publiques et privées mais
aussi des entreprises de tailles moyennes et de start-up.
Michel Saloff-Coste a animé des rencontres mensuelles
au Centre d'Evaluation et de Prospective du Ministère de la Recherche et de la
Technologie et a été consultant et directeur de recherche dans le cadre du
groupe de consulting international Bossard. Administrateur de la société de
capital risque New Cap il a participé à de nombreuses créations d'entreprises
et a été pendant plus de dix ans le Président de MSC, une société de conseil
spécialisée dans l’anticipation des évolutions en terme de Management,
Stratégie et Communication.
Initiateur en France du Club de Budapest, un réseau
international de réflexion sur les enjeux du futur, il a enseigné en France
dans le cadre de HEC, Science Po, Essec, Dauphine et ses conférences en Europe,
en Amérique et en Asie ont touché plusieurs milliers de personnes. Il est à
l'origine du projet et des journées de l'Université Intégrale à Paris.
Depuis 2011, il est directeur de la recherche et du
développement international de In Principo, une société de conseil d'avant
garde dans le domaine du management collaboratif et depuis 2012, président de
"Design Me a Planet" une plateforme internationale d'innovation
ouverte pour la création de solutions adaptées aux enjeux planétaires actuels.
Par ailleurs Michel Saloff Coste est ancien élève de
l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris et poursuit depuis 1970
une carrière artistique multimédia qui a donné lieu à de nombreuses expositions
en France et à l'étranger et participe aux collections publiques de la
Bibliothèque Nationale de France, du Musée National d'Art Moderne et du Centre
Georges Pompidou.
Auteur de nombreux ouvrages de référence, Michel Saloff
Coste intervient souvent dans la presse, la radio et la télévision. Principales
publications : Vêpres Laquées Baudouin
1979, Paris la nuit Balland 1982, Le management systémique de la complexité Aditech
Ministère de la Recherche 1990, Le
management du troisième millénaire Guy Trédaniel 1991 1999 et 2005, The Information Révolution and the Arab
World Edition ECSSR 1999, Manifeste pour la technologie au service de
l'homme Institut National Polytechnique de Grenoble 2000, Les Horizons du Futur Guy Trédaniel
2001, Year in perspective World
Business Academy 2002, Trouver son génie
Guy Trédaniel 2005, La société de l'information enjeu stratégique Revue
Agir 2005, Le dirigeant du troisième
millénaire Editions d'Organisation 2006, Mimétisme et singularité deux
leviers de croissance La Revue de Kea 2006, La stratégie créative de
singularisation La Revue de Kea 2007, Le
DRH du troisième millénaire Village Mondial Pearson 2007 2008, Réenchanter le futur Village Mondial
Pearson 2009, Prospective d'un monde en
mutation Edition de l'Harmattan 2010, Au-delà
de la crise financière Edition de l'Harmattan 2011, Les voies de la résilience Edition de l'Harmattan 2012, La nouvelle avant garde Edition de
l'Harmattan 2012.
Domaines de connaissance : Prospective, Stratégie,
Economie, Sociologie, Psychologie, Marketing, Management, Communication,
Philosophie, Art.
Secteurs d'activité : Administration public,
Automobile, Agro-alimentaire, Banque, Télécom, Education, Luxe, Media, Grande
distribution, Défense, Informatique.
Principales références : Ministère de la Recherche Commission Européenne Science
Po 3Suisses Apple Bel Bonduelle CDC Décathlon
Edf ESSEC France Télécom HEC
Peugeot PPR Rand Reebok Kompass L’oréal Sodexho
.
[1] Alexandre
Rojey, L'avenir en question, Armand Collin, 2011.
[2] Du côté des matières premières énergétiques, le choix
radical des États-Unis en matière d’exploitation de pétrole et gaz
non-conventionnel a changé la donne et fait voler en éclats les scénarios les
plus établis. En moins de 10 ans, le potentiel du gaz naturel est passé de 60
années à 200... Certes, cela s’est uniquement répercuté sur le prix du gaz
vendu aux Etats-Unis puisqu’il n’existe pas de prix du gaz naturel mondialement
unifié et que les Américains ne développent pas encore leurs capacités
d’exportation. Mais cela a des répercussions en chaîne sur leur mix
énergétique. Totalement délaissé, le charbon cède ainsi sa place au gaz dans la
production d’électricité. Conséquence, le charbon américain envahit les marchés
mondiaux et fait chuter les cours. Quant à la production de pétrole made in US, elle a
augmenté d’un million de barils par jour (Mb/j) en 2012, à 9,1 Mb/j. Et
l’Agence Internationale de l’Energie prévoit que le pays en produira 11,9 Mb/j
en 2018 et anticipe une croissance réalisée à 90% par le pétrole léger non
conventionnel (pétrole de schiste). De quoi écarter les prévisions à plus de
200$ le baril qui prévalaient avant la récession et ancrer les prix légèrement
au-dessus de 100$. Mais cette matière première stratégique a souvent pour toile
de fond les enjeux géopolitiques. Autrement dit, la sécurité des routes du
pétrole, et en particulier de certains carrefours situés dans les zones les
plus dangereuses au monde, entre le Moyen-Orient et l'Occident, est cruciale. Télécharger Xerfi-Previsis n°186 - juillet /
août 2013
[3] J'ai
développé cette réflexion dans "Le management systémique de la
complexité" Aditech Ministère de la Recherche 1990 et " Le management
du troisième millénaire" Guy Trédaniel 1991 1999 et 2005.
[4] L'OMS - qui estime que la pollution atmosphérique en milieu urbain serait responsable
d’1,3 million de décès annuels dans le monde - et par l'Union européenne, à
travers différents programmes et notamment Aphekom. Les principaux polluants incriminés sont des gaz (ozone, dioxyde d'azote, dioxyde de soufre...), des métaux lourds (plomb,
cadmium...), ou des particules en suspension dans l'air. http://www.lepoint.fr/futurapolis/climat-energie/du-risque-dans-l-air-10-09-2012-1504672_434.php
[5] Nous savons depuis longtemps que notre dépendance au pétrole
est dangereuse. Depuis longtemps nous cherchons des énergies alternatives et
cela parfois de manière très coûteuse et dangereuse. Cependant l'impact reste,
même à moyen terme, marginal du point de vue du mixte énergétique planétaire.
Le nucléaire, l'éolien et le solaire sont complémentaires au pétrole mais
restent secondaires en termes de pourcentages dans le mixte énergétique
mondial, et leur potentiel de développement reste insuffisant à court terme du
fait de l'ampleur des infrastructures à mettre en place, de l'importance des
capitaux à investir et des délais de finalisation.
[7] « Les
émissions de gaz à effet de serre ont un effet cumulatif, c'est-à-dire que leur
effet s'additionne année après année, exactement comme l'effet de la fumée du
tabac s'additionne année après année sur les poumons du fumeur, pour le tabac
comme pour le climat, quand les ennuis sont là il est trop tard pour faire
machine arrière. De même, une fois que les ennuis du changement climatique
seront là, nous ne pourrons plus faire machine arrière, même en baissant les
émissions et la seule certitude que nous aurons alors est que les ennuis iront en s'aggravant pendant un
ou deux siècles au moins quoi que nous fassions. Il est impossible de déterminer scientifiquement à quel moment nous franchirons le seuil nous
assurant d'une catastrophe climatique majeure dans un futur plus ou moins
lointain. Nous ne pouvons pas
reprocher aux pouvoirs publics notre manque de volonté personnelle pour moins
prendre l'avion, moins conduire, moins chauffer nos logements ou avoir des
maisons moins grandes, moins acheter de produits manufacturés, etc., et nous ne
pouvons raisonnablement demander à l'industrie de porter seule l'effort de
réduction des émissions, alors que sa contribution n'est que de 20 à 30% du
total. Pour le changement climatique comme pour le tabac, une large partie de l'effort à fournir
repose sur les épaules de vous et moi. » http://www.manicore.com/documentation/serre/tabac.html
[8] "I think
many of the questions we face in the world do actually directly engage a
transition from a world of states—and indeed, if you go back to the 18th
century or the 19th century, this kind of concept of raison d'êtat [national interest; literally the reason of
state], to go back to Machiavelli, is different than ordinary human
situational ethics or human ethics, and that in fact we are seeing a whole set
of issues, from climate change, to pandemics, to simply the fact that we are
going to have 9 billion people on the planet and most of them are poor and
trying very hard to live the kinds of lives that we in developed countries take
for granted. Those ethical issues need to be thought about in ways that think
about what do human beings owe each other in a society and what do Americans
owe people in other societies? We have a creed that says all human beings are
created equal. It doesn't end at the water's edge. But of course there are
questions of political feasibility there. But what do we owe human beings
around the world, and what do human beings owe each other? I think it's a new era of international ethics." http://www.carnegiecouncil.org/studio/multimedia/20120711/in...
[9] Dans un premier temps, plutôt que des évolutions, nous
risquons de voir des régressions comme cela a été observé chaque fois que
l'humanité a été confrontée à une transformation majeure. Souvent les forces
traditionalistes et révolutionnaires se mélangent dans des populismes
simplistes et totalitaires qui occupent le terrain de manière absurde, sanglante
et brutale. Quelques millions de morts après (cette fois-ci sans doute quelques
milliards), une fois l'ancien monde détruit, l'espace est libéré pour inventer
un nouveau monde ! Cela a été, toute proportion gardée, le scénario auquel nous
avons assisté lors de la dernière guerre mondiale. Mais cette fois-ci,
aurons-nous la chance d'un second temps : la situation écologique ne
sera-t-elle pas alors désespérée et irréversible ?
[10] Voici un
exemple très symbolique de l'injustice flagrante du développement actuel
vis-à-vis de certaines populations : la pollution planétaire ayant tendance à
se concentrer lentement aux pôles du fait des courants marins, les phoques qui
vivent dans ces régions sont empoisonnées par des centaines de polluants
différents et deviennent donc de moins en moins comestibles. Les populations
esquimaudes qui se nourrissent essentiellement de phoque voient le lait
maternel des femmes devenir toxique. Ce peuple frugal qui vit depuis des
dizaines de milliers d'années en équilibre avec la nature est littéralement
empoisonné et anéanti dans ses ressources essentielles du fait des débordements
du reste du monde.
[11] C'est ce que
développe le Club de Budapest à travers Les soirées des Amis et l'Université
Intégrale.
[12] C'est le rôle
d'organisations telles que "Design Me a Planet".
[13] Trouver son génie Guy Trédaniel 2005.
[14] Au-delà de la
crise financière, Edition de l'Harmattan 2011.
[15] "Malgré quelques tentatives de construction d’une nouvelle gouvernance
mondiale, celle-ci reste dans une large mesure embryonnaire. Mais, dans cet
espace ouvert qu’est la gouvernance mondiale, on peut malgré tout effectuer de
grands pas en avant avec des moyens limités, justement parce qu’il y a de
l’espace. Avancer des
propositions est un exercice risqué, mais indispensable. Les Cahiers de
propositions, qui commencent à nourrir le Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale
sont là pour oser penser et changer l’avenir. A titre d’exemple et pour
susciter le débat et la réflexion, parmi les nombreuses propositions avancées
dans les cahiers déjà disponibles, nous présentons ci-après quelques pistes qui
apparaissent d’une première lecture transversale de ces cahiers.
Progressivement nous devrons identifier les propositions susceptibles de
déboucher sur de réelles avancées, ce à moyen et long terme. Le choix de
celles-ci devrait tenir compte à la fois la capacité qu’elles peuvent avoir de
mobiliser les volontés et la puissance des réseaux susceptibles de les
soutenir. 1. La reconfiguration
transnationale des territoires
2. Une armée mondiale
3. L’IGM : une
première ébauche d’indicateurs de la gouvernance mondiale
4. Le forum
multi-acteurs articulés avec les filières, clé de voûte d’une gouvernance
mondiale efficace
5. Surmonter le ressentiment : défi historique pour
construire une nouvelle gouvernance, responsable, plurielle et solidaire" Pierre Calame http://www.alliance21.org/2003/article3440.html
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